L’USGA et la R&A ont tranché : dès le 1er janvier 2028, les balles utilisées par les professionnels devront respecter de nouvelles normes, qui les rendront nettement moins performantes en termes de distance. Derrière cette décision, une volonté assumée de freiner la dérive des longues frappes qui défigurent peu à peu le jeu. Mais les tensions montent avec la PGA of America, qui appelle à tout stopper net.
13 à 15 yards en moins au drive : un séisme pour les frappeurs
Le chiffre est officiel : les joueurs du PGA Tour perdront entre 13 et 15 yards en moyenne sur leurs drives avec la nouvelle balle. La norme de test change : les balles seront désormais testées avec un robot lançant à 127 mph, contre 120 auparavant. Résultat, moins de compression, moins d’élan, donc moins de portée.
Ce changement va toucher tous les tournois professionnels, y compris les grands chelems, à partir de 2028. Les amateurs sont pour l’instant épargnés jusqu’en 2030, et ne devraient perdre que 5 yards environ. L’USGA veut donc cibler uniquement l’élite, là où les écarts de performance sont les plus spectaculaires.
La balle ne changera pas visuellement. C’est bien dans sa conception et sa capacité de vol qu’elle sera bridée : moins de vitesse initiale, moins de spin utile, et une pénétration dans l’air réduite.
Ce que veulent préserver l’USGA et la R&A avant qu’il ne soit trop tard
Pourquoi ce changement maintenant ? Parce que depuis des années, la distance au drive ne cesse de grimper, avec des moyennes dépassant allègrement les 300 yards. Le résultat ? Des parcours classiques devenus obsolètes, des trous de plus en plus rallongés, et une stratégie de jeu réduite à « frappe + wedge ».
L’USGA défend un objectif clair : sauver l’équilibre du golf moderne, à la fois sur le plan architectural (préserver la pertinence des parcours), écologique (éviter l’extension permanente des trous) et stratégique (rétablir la variété des coups).
L’évolution technologique des balles et des drivers a eu pour effet d’uniformiser le jeu. Moins de réflexion, plus de puissance. Ce rollback vise à remettre la variété des trajectoires et le choix de clubs au cœur de la stratégie, comme c’était le cas avant l’ère des super-balles.
Le PGA Tour ne veut pas en entendre parler : conflit ouvert avec l’USGA
Cette décision ne passe pas du tout du côté du PGA Tour et de la PGA of America. Leur président, Derek Sprague, l’a dit sans détour : c’est une erreur de timing. Il appelle à « appuyer sur pause ». Pour lui, cette réforme va trop loin, trop vite. Elle n’a pas assez de soutien, ni des joueurs, ni des équipementiers.
Mike Whan, patron de l’USGA, est pleinement conscient de la pression. Il évoque une décision « difficile », prise en pleine opposition, mais « nécessaire ». Selon lui, il faut du courage pour prendre des mesures impopulaires quand il s’agit de préserver l’avenir du sport.
Le PGA Tour aurait préféré que les ajustements soient faits sur les drivers plutôt que sur les balles. L’argument est simple : changer les balles crée un fossé entre les circuits pros et le jeu amateur, ce que la PGA juge dangereux pour l’image du sport.
Les marques de balles sur le pied de guerre : un casse-tête industriel
Pour les fabricants, ce rollback est un défi logistique colossal. Il faut revoir les modèles, repenser les matériaux, réorganiser les tests, tout en conservant la conformité avec les nouvelles normes de vitesse et de vol.
À partir de 2028, seules les balles certifiées dans cette nouvelle catégorie seront autorisées pour les pros. Cela va probablement forcer les marques à développer deux gammes de produits : l’une pour le grand public, l’autre pour le haut niveau.
Les conséquences sont également commerciales : comment expliquer aux amateurs que leurs idoles jouent avec des balles différentes ? Cette rupture technologique pourrait brouiller le marketing des grandes marques et compliquer la lecture des performances à la télé.
Ce qui va vraiment changer pour les fans, les parcours et les télés
Pour le spectateur, ce changement pourrait marquer un vrai tournant. Fini les drives à 370 yards sur des par 4 accessibles au bois 3. Le spectacle va rester, mais il se fera plus sur la précision, le choix de ligne, le jeu court — bref, ce qui fait l’essence du golf.
Les parcours mythiques, comme Pebble Beach ou St Andrews, pourraient retrouver une certaine pertinence face aux joueurs les plus puissants. Plus besoin d’ajouter des back tees de 50 mètres pour rendre le trou compétitif. Cela permet aussi de préserver l’architecture d’origine.
Enfin, les caméras et les fans devront s’habituer à des coups « moins longs », mais sans doute plus variés. C’est là le pari de l’USGA : un golf plus riche, moins standardisé, sans sacrifier le spectacle.
Ce qu’il faut retenir de cette réforme historique
- Les pros perdront en moyenne 13 à 15 yards par drive à partir de 2028
- Les amateurs seront concernés plus tard (2030), avec une baisse de 5 yards maximum
- La USGA et la R&A veulent préserver la stratégie et l’intégrité du jeu
- La PGA of America s’y oppose, estimant la réforme précipitée
- Les marques de balles devront s’adapter à un double standard pro/amateur
Sources croisées pour cet article :
- https://golfweek-eu.usatoday.com/story/sports/golf/majors/us-open/2025/06/12/us-open-2025-usga-mike-whan-golf-ball-rollback/84167854007/
- https://www.golfdigest.com/story/pga-of-america-ceo-derek-sprague-golf-ball-rollback-time-to-hit-pause-button
- https://motorcyclesports.net/es/mike-whan-avanza-con-la-controvertida-reduccion-de-la-distancia-de-las-pelotas-de-golf-desafiando-la-presion-del-pga-tour/